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Alban Prebay, directeur marketing chez Peugeot Algérie: «On est en Algérie pour s’inscrire dans la durée»

Par Lyès Ibalitène

Peugeot Algérie vient de réaliser un premier mois 2010 en nette progression par rapport à janvier 2009. Une progression qui intervient dans un marché plutôt en recul. Quelle lecture faites-vous de ce résultat ?

Il est vrai que Peugeot Algérie a réalisé un très bon mois de janvier 2010, avec une progression de 27 % par rapport à janvier 2009. Nous sommes, bien sûr, très satisfaits de ce résultat qui, comme vous le soulignez, intervient dans un marché qui continue à chuter. Nous ne disposons pas de la totalité des chiffres du marché, mais nous estimons la baisse à 15 % par rapport à janvier 2009. Ce qui est très important. Quant à la progression de Peugeot, il ne faut pas omettre de préciser qu’elle intervient par rapport à un mois de janvier 2009 durant lequel nos ventes avaient été freinées par les problèmes de cartes de jaunes, donc un mois très faible en volumes. Chez Peugeot Algérie, nous nous attendons malheureusement à ce que le marché continue de chuter en 2010, en raison de plusieurs paramètres dissuasifs, notamment celui lié à la suppression du crédit automobile. A notre niveau, ces prévisions sont en train d’être confirmées par l’évolution des résultats d’un mois de février très faible en volumes de ventes (interview réalisée le 22 février, ndlr). Je n’ai pas les chiffres de la concurrence, mais je pense que c’est la même situation de recul pour tout le monde.

Un mois de février très faible et un mois de mars qui devrait le relayer dans la même logique de courbe descendante, d’autant que le marché sera, cette année, orphelin du Salon de l’automobile d’Alger, connu pour être une période propice aux volumes de ventes. Peut-on prétendre que l’annulation de cet événement pourrait constituer une mesure de plus contre la progression du marché ?

C’est une décision qui a été prise par l’ensemble des représentants de marques. Il n’est pas du tout évident de faire un salon en octobre et d’en faire un autre le mois de mars qui suit. Je pense qu’à ce sujet, il n’y aura pas de problèmes, dans la mesure où la grande majorité des constructeurs feront chacun son propre salon, avec des offres exceptionnelles. Vu la faiblesse des volumes qui caractérise actuellement le marché, les constructeurs, dont Peugeot, vont être obligés de manœuvrer en conséquence en organisant des opérations commerciales durant le printemps.

L’année 2008 avait été consommée à moitié avec la nouvelle taxe sur les véhicules neufs, alors que l’année 2009 avait été consommée à moitié avec la suppression du crédit. 2010 sera donc la première année pleine avec ces deux mesures associées. Le plus dur est à venir, n’est-ce pas ?

Oui, le plus dur est à venir, et le début 2010 annonce la couleur en mettant en évidence la portée de toutes les mesures qui freinent le marché. Janvier et février annoncent une année 2010 nettement en recul par rapport à 2009 qui, elle, était déjà en recul par rapport à 2008. Je crois qu’avec les résultats de février, on s’apercevra de l’ampleur de la baisse qui devrait sanctionner cette année 2010.

Face à de pareilles perspectives, quels seraient les objectifs réels de Peugeot Algérie : essayer de maintenir la cadence ou bien tenter de limiter les dégâts ?

Chez Peugeot, nous ne sommes pas dans une phase où il est question de limiter les dégâts. Bien au contraire, nos objectifs sont inscrits dans une dynamique positive, vu que nous possédons une gamme de produits très riche et très diversifiée. Nous sommes persuadés que nous disposons de tous les atouts pour progresser. Et lorsque je dis progresser, je ne fais pas allusion aux volumes de ventes, mais plutôt aux parts de marché. Nous avons de très bons produits avec, en plus, une superbe gamme VU. L’année dernière, nous avions rencontré d’énormes problèmes de disponibilité pour nos véhicules utilitaires mais, pour cette année, ces problèmes ne se posent pas.

En véhicules touristiques aussi, nous avons une gamme qui ne manque pas d’arguments, avec le renfort de la 206+ en année pleine, le 3008, le 5008. En somme, nous avons une actualité de produits relativement modernes, particulièrement avec l’utilitaire, et donc nous possédons ce qu’il faut pour continuer à progresser en parts de marché.

Vous insistez sur l’utilitaire, et on comprend aisément que votre participation au dernier Salon du véhicule industriel et utilitaire, la première du genre, constitue une opération stratégique dans votre démarche au profit de votre gamme VU. Quel bilan faites-vous de cette participation ?

En effet, c’était la première fois que Peugeot participait à ce Salon, et je peux vous dire que nous en avons tiré d’énormes bénéfices, avec des carnets de commandes qui se sont remplis. Le Salon a été bénéfique, d’autant qu’il est intervenu à la fin de l’année 2009 et, là, nous sommes au début d’une nouvelle année que nous vivrons sans les problèmes de disponibilité que je viens juste de citer. On va donc pouvoir enfin remplir le carnet de commandes. Le plus important pour nous, c’est de pouvoir reprendre un rythme normal d’approvisionnement. L’utilitaire est un outil de travail destiné aux professionnels, donc la disponibilité est importante et décisive dans le choix de ces derniers. L’année dernière, on ne pouvait pas répondre à la demande et proposer la disponibilité. Je reviens donc au Salon de l’utilitaire pour dire qu’il nous a permis de faire connaître l’ensemble de la gamme Peugeot entre véhicules d’origine et véhicules transformés avant notre offensive programmée pour cette année.

Mais vous conviendrez qu’une gamme VU aussi riche et aussi diversifiée que celle proposée par Peugeot Algérie souffre d’une promotion en conséquence au niveau du marché des flottes et celui des entreprises ! Cette réalité a été d’ailleurs vérifiée de la manière la plus explicite au détriment du Partner, lequel vient de céder sa traditionnelle seconde place au classement annuel des ventes au Caddy Plus, parce que, justement, Sovac a pu en écouler des centaines d’exemplaires après avoir remporté un avis d’appel d’offres.

Vous avez raison de souligner ce point. Le marché des flottes est un marché très important. C’est un marché qui vous permet d’écouler des centaines de véhicules d’un seul coup. Donc, c’est un créneau à ne pas négliger du tout et à suivre de près. Mais, pour ce faire, il faut être efficacement structuré, et c’est ce qu’est en train de faire Peugeot, avec l’ambition d’en tirer profit en 2010. Au risque de me répéter, je dirai que 2010 sera une année faste pour notre gamme utilitaire.

Vous voulez dire aussi que ce sera une année dédiée à l’utilitaire ?

Ce sera aussi une année faste pour notre gamme VP, qui est très riche.

Les prix des véhicules viennent de connaître de nouvelles hausses chez la majorité des marques. Finalement, le client n’est pas en train de subir l’impact de la seule taxe sur les véhicules neufs, mais semble bien avoir été mis dans l’obligation de partager une partie des frais imposés aux concessionnaires par les pouvoirs publics, à l’exemple de la taxe sur le chiffre d’affaires ou encore les coûts de transport des véhicules à partir des ports de Djendjen et Mostaganem. C’est bien de cette manière que les choses évoluent, non !

C’est vrai que la majorité des marques ont déjà procédé à un rehaussement de leurs tarifs depuis le Salon de l’automobile d’Alger. Les frais de la taxe sur le chiffre d’affaires et ceux relatifs au transport des véhicules ont, bien sûr, été répercutés sur le prix de vente. Il faut aussi compter avec les fluctuations du taux de change qui nous ont été défavorables. Mais vous avez sans doute remarqué que les hausses n’impliquent qu’une petite partie de tous ces frais. Et puis si, chez Peugeot, nous agissons de la sorte, c’est parce que nous avons la ferme conviction que l’essentiel est de continuer à investir, à former des gens, à mettre en place de nouveaux agents distributeurs. Cela implique des coûts supplémentaires dont nous ne pouvons absorber qu’une partie. Il ne faut pas oublier que lorsque la situation s’améliore pour nous, et surtout lorsque le taux de change nous est favorable, nous essayons de redistribuer les profits au client à travers des campagnes promotionnelles et des remises substantielles. Il est indispensable qu’on prenne en charge nos clients. Ces derniers savent aussi que Peugeot, ce sont des véhicules de qualité reconnue, dont une grande partie de la gamme est faite en Europe. Ce sont des véhicules qu’on ne peut absolument pas brader et, en même temps, on ne peut pas appliquer des tarifs délirants. Il faut donc trouver le bon réglage pour que les gens aient envie de rouler en Peugeot et qu’en même temps cette envie puisse payer ce qu’il y a à payer. Je vous assure que ce n’est pas facile de gérer toutes ces données, mais nous faisons le maximum pour placer le client au devant de nos préoccupations.

Pour ses 200 ans, le constructeur Peugeot vient d’adopter, entre autres, une nouvelle identité visuelle, qui sera appliquée à partir de cette année au réseau algérien du Lion. Fau-t-il comprendre à travers cette démarche que tout le travail qui a été réalisé ces dernières années pour tisser un réseau d’agents aux standards Blue Box est à refaire et que les investissements consentis par vos agents n’auront servi qu’une courte période?

Il est d’abord utile de préciser qu’on est en Algérie pour s’inscrire dans la durée. Pour nous, la durée signifie avoir des points de vente professionnels et qui répondent aux attentes des clients, c’est-à-dire des points de vente qui soient grands, qui soient modernes, qui soient accueillants. Nous avions donc commencé très tôt à mettre en place le concept Blue Box, comme cela s’est fait dans les grands pays d’Europe. L’Algérie étant un grand pays, qui a un énorme potentiel, un des plus grands et plus riches d’Afrique, il n’y a pas de raison que le client algérien ne bénéficie pas des mêmes services que le client européen et pourquoi il n’aurait pas droit à des points de vente identiques à ce qui se fait de mieux chez Peugeot. Partout dans le monde, notre client se sent chez lui, nous avons donc mis en place les structures nécessaires de sorte qu’il en soit de même pour le client algérien.Pour répondre à votre question, je dois clarifier les choses : le concept Bleu Box va continuer à exister et l’application de la nouvelle identité visuelle ne remet pas en cause ce concept. Il s’agira seulement d’adapter la nouvelle signalétique. On ne va pas tout refaire. Il nous reste encore quelque agents qui ne sont pas encore aux normes Blue Box et qui vont rejoindre la grande famille de ce concept. Quant aux nouveaux agents, nous en avons quelques-uns qui vont arriver durant ce premier semestre 2010 et on les intégrera directement avec la nouvelle signalétique. Je le répète, il ne s’agit nullement d’un changement majeur mais d’une signalétique adaptée. Ça va se faire dans la douceur et au fur et à mesure.