Suzuki est passé sous la bannière d’Elsecom en octobre 2008. De quel type de bilan pouvons nous parler une année et demi après cette reprise ?
D’un bilan positif, surtout lorsqu’on l’apprécie dans son aspect qualitatif. Nous en sommes satisfaits d’autant que nous avons repris la marque Suzuki dans une conjoncture très défavorable pour le marché automobile, marquée qu’elle l’a été par la crise économique mondiale, les mesures gouvernementales dissuasives ou encore la flambée du yen.
Et si, en dépit de toutes ces contraintes difficilement surmontables, nous pouvons aujourd’hui parler de bilan positif chez Elsecom Automobile c’est parce que nous avons pu, depuis octobre 2008, faire fructifier nos efforts axés sur le service de proximité et sur la qualité en développant notre réseau de façon à restituer à Suzuki l’image de marque qu’elle mérite en Algérie, c’est-à-dire celle dont elle jouit un peu partout dans le monde.
Comment a été menée l’opération de développement du réseau Suzuki pour un concessionnaire qui était déjà préalablement représenté à travers le territoire national par des agents sous la marque Maruti, avant que celle-ci ne passe sous a bannière du constructeur japonais ?
C’est une démarche en deux axes : le premier axe a concerné la mise aux standards internationaux de Suzuki notre réseau déjà existant avant la récupération de cette marque par Elsecom . A ce niveau, je ne vous cacherai pas que l’opération n’a pas toujours été facile à diriger et à concrétiser. Et pour cause, certains agents de ce réseau n’ont pu réunir les conditions qui puissent leur permettre de se mettre à niveau, et du coup, nous avons du nous en séparé. Quant au second axe, il a concerné l’intégration de nouveaux agents dans l’objectif d’étendre encore davantage notre réseau à travers le territoire nationale.
L’opération se poursuit, et nous pouvons dire aujourd’hui que ses objectifs ont été atteints en très bonne partie. Elsecom Automobile active actuellement avec 31 agents dont plus de 80% sont aux standards de la marque que nous représentons.
Les agents auxquels vous faites allusion sont-ils aussi aux standards de la nouvelle loi sur l’activité du commerce automobile entrée en vigueur en juin dernier ?
Bien sûr qu’ils le sont ! Les deux actions vont ensemble. La nouvelle loi ne fait, en fait, que nous conforter dans notre politique orientée vers la qualité. Notre leitmotiv à nous, c’est la qualité. Le reste, c’est-à-dire la quantité, suivra certainement. Il est vrai que nous travaillons aussi sur les volumes de vente, mais nous restons convaincus que la qualité doit primer dans notre stratégie de développement, et qu’elle doit être perceptible dans notre réseau à travers sa mise aux standards internationaux ainsi qu’à travers la conformité de ce réseau à la nouvelle loi sur l’activité automobile en Algérie. La vision que nous avons du développement de notre réseau se traduit par un service et des prestations qui sont automatiquement appréciés par le client.
Comment se fait la répartition des agents de votre réseau. Y’a-t-il un dispatching qui englobe l’ensemble du territoire national ou bien s’agit-il d’une répartition qui priviligie la concentration dans une région au détriment d’une autre ?
Nous sommes plutôt concentrés au Centre et à l’Est du pays. Mais cela ne veut pas dire qu’il y a privilège de ces deux régions. C’est une question d’études que nous avons effectuées et qui nous indiquent que la clientèle potentielle se trouve, elle aussi, en force à l’est et au centre. Cela dit, nous oeuvrons actuellement à renforcer notre présence à l’ouest et au sud du pays.
Peut-on dire que la suppression du crédit a fait le bonheur d’Elsecom Automobile ? Cette question est posée sachant que vous possédez dans votre gamme un modèle comme la Maruti 800, et à un degré moindre l’Alto, à priori accessibles par payement cash, donc aptes à drainer un potentiel de clients qui ne peuvent se payer un véhicule plus cher sans passer par le soutien bancaire…
Les statistiques 2009 sont loin de conforter cette approche. Certes, Elsecom Automobile est fortement concentré sur les micro-citadines, mais je peux vous assurer que nous avons été affectés par la suppression du crédit à la consommation au même titre et au même degré que les autres marques. Et si les choses se passent ainsi pour nous, c’est parce que 70% des clients qui constituent notre cible achètent à crédit. Peut-être qu’on pourrait évoquer la reconversion de la clientèle des segments supérieurs qui opte aujourd’hui pour des segments inférieurs, mais le taux de cette reconversion reste dérisoire et ne nous permet pas encore d’en tirer le profit qui puisse nous faire dire que la suppression du crédit a été bénéfique à ceux qui commercialisent des voitures à bas prix.
Des voitures à bas prix comme la Maruti 800 qui vient justement de connaître une augmentation de 20 000 dinars. C’est vrai que des augmentations sont enregistrées chez la majorité des autres marques, mais vous en conviendrez que lorsqu’une décision pareille concerne la populaire Maruti, elle a très peu de chance de passer inaperçue…
C’est une augmentation qui se justifie uniquement par les charges supplémentaires liées au crédit documentaire et aux prix du transport des véhicules vers Alger. Aujourd’hui, un véhicule livré à Djendjen ou à Mostaganem nécessite en moyenne 10 000 dinars pour être acheminé vers Alger, Cela, sans compter les frais d’acheminement vers les différents points de vente à travers l’ensemble du pays.
Je tiens à rappeler aussi que notre gamme est en train de subir l’envolée spectaculaire de la monnaie japonaise. On est passé d’un yen à 0,56 lors des premières commandes à 1 yen à 0,83 aujourd’hui. Vous imaginez, c’est presque le double ! Malgré cela, nous avons essayé de maîtriser cette envolée et les prix n’ont pas connu une augmentation en conséquence.
Donc, si demain, le yen se calme, il y aura une baisse des prix de la gamme Suzuki!
Oui, demain si le yen se calme, il y aura baisse des prix. Mais il faudrait qu’il se calme pour la période nécessaire à ce type de démarche. Aujourd’hui, nous payons les véhicules à vue, c’est-à-dire à la date de commande. Or, le yen fluctue plus que les autres monnaies. Il monte et descend inlassablement sans pour autant jamais aller au dessous de 0,79 ou 0,78. Ce qui n’est pas suffisant pour influer sur nos prix. Nos manœuvres sont réduites à seulement essayer d’éviter de reconduire l’envolée de cette monnaie au niveau de nos prix.
Est ce que la gamme Suzuki en Algérie ne serait pas aussi en train de pâtir de l’absence de versions diesel?
Malheureusement oui. Dans une grande majorité des segments présents sur le marché algérien, la part du diesel est importante et nous, nous ne pouvons pas faire d’offre dans cette version. On souffre actuellement de ne pas avoir de Swift en diesel, on souffre de na pas avoir de SX4 en diesel. Les caractéristiques actuelles de notre carburant ne permettent pas l’introduction de motorisations diesel Suzuki.
C’est ce que disait Toyota avant de se décider d’introduire le D4D…
Les motorisations diesel de Suzuki sont très sensibles, notamment à l’indice de souffre contenu dans le carburant. Nous travaillons actuellement sur le carburant algérien et les résultats actuels ne nous permettent pas encore de convaincre la maison mère à nous autoriser à importer des versions diesel.
L’AC2A a décidé de faire l’impasse sur le salon de l’automobile pour cette année 2010, qu’en pensez-vous ?
Je ne sais pas ce qu’en pensent les autres, mais, en ce qui me concerne, j’étais dès le départ, partisan du report. Cela nous permettra sans doute de mieux revenir en 2011, d’autant que cette décision s’inscrit dans la démarche d’une majorité de concessionnaires qui souhaitent professionnaliser l’activité automobile. C’est une opportunité pour nous de tester la formule d’un salon chaque deux années et de faire en sorte que le Salon de l’automobile d’Alger ne soit plus une foire de l’automobile. Un salon où il y a des nouveautés, des concepts et des choses à montrer au public en dehors de l’attrait commercial.
Les perspectives d’Elsecom Automobile 2010 ?
Travailler encore sur la qualité. Il y a de nouvelles actions que nous sommes justement entrain de mener dans ce sens, au bénéfice du réseau de distribution pour davantage de flexibilité et de proximité en ce qui concerne les produits et les services. Ceci avec l’espoir d’une conjoncture stable et sans autres mauvaises surprises.
Et vos objectifs de ventes ?
Maintenir notre part de marché qui est de 6%. Il est vrai qu’en 2009, nous avons baissé en volume, mais nous avons tout de même réussi à maintenir cette part de marché et c’est ce que nous espérons faire cette année.
L. I